3 mars 2010
309. On dit
On dit que la Marquise sortit à cinq heures. On dit qu'elle fera bien ce qu'elle voudra, on dit qu'elle est libre. On dit kill that marquise. On dit que mon pays ce n'est pas un pays. On dit que deux dangers ne cessent de menacer le monde, l'ordre et le désordre. On dit que tout poème résiste et une fois écrit meurt d'inexactitude. On dit que la vie est un combat et qu'on a manqué les séances d'entraînement. On dit qu'à défaut de l'indépendance politique, le Québec s'est donné une indépendance littéraire. On dit que mon pays est un paysage, noir sur blanc. On dit que la marge première est le verbe. On dit qu'on s'y enfarge. On dit qu'on répond à la chute avec un rire. On dit qu'on n'est pas née trouée, on dit qu'on est constituée de portes écloses. On dit que le contemporain a un fort ego. On dit qu'il est égocentrique de voir dans l'époque présente le moment le plus important de tous, sa propre fin, son apocalypse. On dit que le contemporain aime les imaginaires de la fin. On dit, on dit qu'on dit. On dit qu'on se cite. On dit que derrière un mot se trouve le monde, comme un obèse derrière un arbre. On dit le bouffon et on en rit. On dit que si on se parle toute seule, l'important est de bien écouter la réponse. On dit bien des affaires et n'importe quoi. On dit que Michaux nous avait prévenu. On dit qu'on a besoin d'affirmations. On dit l'euphorie et on dit oui aux autres. On dit que faire des listes c'est essayer de créer une illusion de contrôle, une tentative d'ordonnancement du chaos. On dit le mouvement et cette liberté.
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