3 mai 2011

531. Jouir de son absence

On a tous les droits quand on a déclaré la guerre à tous les rois. Je me suis déclarée silencieusement l'ennemie de tous, et ils me tueront peut-être, mais ils ne me vaincront pas. Pour le moment, je garde l'incognito. Je ne leur ai rien fait; pourquoi devrais-je me soumettre à eux, à leurs lois, leurs amendements, leurs robots? Leur effronterie à mon égard est injustifiable. Ils prétendent, de but en blanc, régner sur moi, me contraindre, me diriger, être mes supérieurs, me donner des indications et des ordres comme à une bête de somme. C'est ridicule; c'est de l'infatuation, de la véritable impertinence. Ils ne m'ont rien donné : je ne leur dois rien. Ils ont donné des ponts, des autoroutes, des petits tunnels et des gros, certes; mais je ne suis pas une automobiliste. Pourquoi m'enfermerais-je avec eux dans un de ces réduits pleins à craquer de fumée de cigarette appelés pays? Quand ils sauront, ils courront après moi avec leurs chiens. Je ne crains ni leurs chiens, ni leurs bottes, ni leurs mitraillettes : je suis un tréponème dans leur intestin grêle. Ils ne m'auront pas. Je m'ai, je me garde.

Réjean Ducharme


Ça m'a tout l'air que le Québécois est parti pour toujours, mais reste là pour jouir de son absence; est mort, mais garde les yeux ouverts pour admirer son repos.

Princesse Apocalypse


Qu'est-ce qui tiendra la route... Et puis, quelle route...
On s'en va où avec nos points de suspension?

Marge

1 commentaire:

  1. Au pays des songes, le seul qui n'est pas encombré parce que chacun peut y envahir le territoire qu'il veut...
    ...
    ...
    s.h.

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