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8 décembre 2012

754. Maison


Ma maison de poète n'est pas située au bord d'un unique fleuve, ou montée sur pilotis, comme Trom de Morency. Elle n'est pas née trouée, comme chez Michaux, ni couverte d'ailes inutiles, comme Miror de Giguère, ni burlesque manège à défenestration, comme Crab de Chevillard. Ni observatoire, ou tour de contrôle de soi, comme Palomar de Calvino, ni confortable intellect tissé de fils de marionnette, comme Teste de Valéry. Elle est plutôt l'héritière d'un peu tout cela à la fois, fantôme de corps, de bois de songes, aux contours de siècles mal définis, mal finis, aux portes écloses et aux fenêtres exploses, vapeurs de proses. Même encabanée, repliée comme une enveloppe mal léchée, l'air y circule encore, elle est diffuse.
Les mots sont verbe, et la famille est vaste. Nous pouvons y entrer par la lucarne, ou l’égout, ou les fenêtres, ou les murs, ou même les portes. Un excès de possibilités qui n'a d'égal que les voix qui l'habitent, ou plutôt l'abritent. Et si, par mégarde, un soir, vous y rentrez bourré, vous risquez fort de ne pas savoir aux côtés de qui vous allez enfin vous réveiller.
Qui y vit trop, meurt vivant. En avançant dans cette maison de filiations, nous laissons de multiples images de nous, différentes les unes des autres, nous les revoyons ensuite dans la vapeur du passé comme des portraits de nos différents âges.
Elle dévore le présent, comme la mémoire.

*

Fermeture aujourd'hui du blogue Mémoires d'outre-songe, reprise du texte intitulé « Maison ».

23 octobre 2011

599. Maturer

maturare v. du latin. LITTÉR. Maturer qu'qu'chose de rare. Faut maturer, man! (Ducharme)

« maturare », dans Dictionnaire de Princesse Apocalypse, Québec, Éditions Les Nerfs (Coll. Humour noir et autres couleurs disponibles), 2011 [en ligne].


*


lunatique adj. et n. COUR. Qui est attiré par la lune et les froides nébuleuses, hors d'attente. CONTR. solatique.

« lunatique », dans Dictionnaire de Princesse Apocalypse, Québec, Éditions Les Nerfs (Coll. Humour noir et autres couleurs disponibles), 2011 [en ligne].


*


et la forêt vierge folle défile sa ficelle
devant ta bête domestique verte d'envie
elle façonne la fenêtre

7 mars 2011

517. Poet Academy

Cette semaine, à Poet Academy, le loft est sens dessus dessous... Nelligan se construit un radeau avec ses montants de lit pour tenter d'échapper à la tourmente, Plume marche les pieds au plafond sous prétexte qu'il n'atteint plus les murs de cette façon, Miror affirme qu'il touche son ombre... Rimbaud envoie paître les autres participants, repousse les vers et démarre son propre blogue d'opinion... Sylvia Plath refuse d'être en danger encore cette semaine tandis qu'Emily Dickinson voudrait bien qu'on se décide enfin à la sortir de là...


*


Au commencement était le verbe, mais nous n'avons aucune idée de la fin,
comme disait Princesse Apocalypse.

31 mai 2010

387. Vierge folle

Marge est enfin allée consulter un professionnel pour cette douleur tenace au dos... La poignée fixée à son échine refusant de coopérer, on lui a vivement conseillé de vider tout le contenu... Ce ne fut pas un franc succès...


*


— Mon taux de poésie dans le sang est à zéro.
— ...
— Je te le dis, ce qui me restait a été siphonné par la prise de sang de ce matin...
— ...


*


et la forêt vierge folle
encore ton paysage
enfumé dans la gorge

29 mai 2010

385. Mécanisme

Il avait souvent l'impression de vivre dans une horloge, il lui arrivait même de se confondre avec le mécanisme, Miror se mettait alors à tourner et à crier les heures comme un condamné à mort. Cela pouvait durer une journée entière; à minuit, il s'effondrait, épuisé, détendu comme un ressort cassé. Mais la dernière heure reculait.

Extrait de Miror, Roland Giguère

27 mai 2010

383. La compagnie

« La bêtise n'est pas mon fort. », Teste

« Dans un stupide moment de distraction, Plume marcha les pieds au plafond, au lieu de les garder à terre. », Plume

« Quelque chose m'est arrivé, je ne peux plus en douter. C'est venu à la façon d'une maladie, pas comme une certitude ordinaire, pas comme une évidence. », Antoine Roquentin

« Son ombre, c'était plutôt lui-même. Il en était arrivé à l'état d'ombre, il n'était plus qu'ombre parmi les nuits, une ombre qui se mêlait à ses objets familiers, à ses moindres gestes, à ses pensées. Une ombre inoubliable. », Miror

« C'est un jour comme celui-ci, un peu plus tard, un peu plus tôt, que tu découvres sans surprise que quelque chose ne va pas, que, pour parler sans précautions, tu ne sais pas vivre, que tu ne sauras jamais. », Un homme qui dort

« Monsieur Palomar, homme nerveux vivant dans un monde frénétique et congestionné, a tendance à réduire ses relations avec le monde extérieur, et, pour se défendre de la neurasthénie générale, il cherche à contrôler le plus possible ses sensations. », Palomar

« Il y eut ce jour décisif dans la vie de Crab, qu'il sera bien obligé d'évoquer, un matin donc où tout lui parut étranger. Devant sa glace, réflexion faite, c'était plutôt lui l'intrus. », Crab

« Je suis bête parce que toutes les fois que je me trouve bête, je renais, je me survis. », Marge

5 avril 2010

333. La fiction

sans cesse
lancer la fiction aux fenêtres
du dedans multiple

un fantôme de corps
et l'esprit incarné
dans ce rideau blanc
qui refuse de tomber

répondre avec les rires
de tous ces autres
scénographes marionnettes

Marge empêtrée
dans les cordes du rideau
la fin aux mécanismes retors

1 avril 2010

329. Miror et Marge

Marge et Miror déracinent des moulins à vent, toute la journée, du matin qui s'étend à leurs pieds légers jusqu'au soir si lourd... Ce sont des menus et des ventrus à dépayser, des gris courts et des hauts en couleur, des muets et des criards, des verbeux et des vides... Marge en prend un entre ses petits doigts, l'agrippe d'une poigne ferme, puis hop... Miror, un autre par ici, hop-là... encore un autre par là, hop... En bonne compagnie, rien de plus distrayant et de plus facile... Le plus exigeant étant de replanter tout cela le lendemain, ces deux-là se mélangeant et s'embrouillant inévitablement sur les terrains troués...


*


Marge, en punition, prend la craie, écrit sur le tableau:
Souffler sa maison est plus facile que de la reconstruire
Souffler sa maison est plus facile que de la reconstruire
Souffler sa maison est plus fac


*


Chez Walmart, des prix imbattables, sauf les enfants.

11 février 2010

297. Féminin

— Marge...
— Oui, Princesse Apocalypse...
— Je ne veux pas te vexer, mais... tu n'as rien de particulièrement féminin...
— ...
— Je veux dire que rien ne te distingue vraiment des autres...
— ...
— Tu ne dis rien...
— Merci alors...
— ...

*

— Ah oui, c'est très bien ça... et ce sera quel colloque...
— Ouaip, je vais participer au Colloque interdisciplinaire et international sur l'importance du port des seins chez les femmes...
— Euh...
— ...
— Bon, tu me raconteras...
— ...

20 octobre 2009

211. Filiations : la compagnie dialogue

Teste à Plume : Plume, je suis ton père...
Teste à Mme Teste : À mes yeux, vous êtes transparente...
Plume à Cronope : Cronope, je suis ton père...
Plume à Pon : Pon, je suis ton frère...
Plume à Crab : Crab, je suis ton père...
Plume à Trom : Trom, je suis ton père...
Palomar à Plume : Plume, votre signifiant vous sied parfaitement...
Crab à Palomar : Palomar, vous êtes mon cousin fort éloigné de la fesse gauche par alliance... 
Miror à la compagnie : Et moi alors... je compte pour du beurre... je suis né troué moi aussi...
Palomar à Miror : Enchanté, à qui ai-je l'honneur...
Plume à Miror : Miror, je suis ton père...
Trom à Marge : Marge, voulez-vous m'expliquer ce qui se passe...
Mme Teste à Princesse Apocalypse : Que diriez-vous de jeudi, nous pourrions prendre le thé ensemble...
Princesse Apocalypse à Marge : Marge, ça t'apprendra à vouloir réanimer la marionnette, tout est sens dessus dessous...
Marge à Princesse Apocalypse : Apo, tu m'énerves, mais tu es ma soeur...